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michel drac - Page 9

  • Orchestre rouge...

    Les éditions Avatar viennent de publier Orchestre rouge, un essai de Gabriele Adinolfi, préfacé par Michel Drac, consacré au terrorisme des années de plomb en Italie et à ceux qui l'ont manipulé. Ancien dirigeant du mouvement nationaliste-révolutionnaire Terza Positione dans les années 70, il a été obligé de s'exiler en France pendant plus de dix ans. Depuis son retour en Italie, il est l'inspirateur du mouvement Casapound. Il est l'auteur également de plusieurs livres, dont deux ont déjà été traduits en français Nos belles années de plomb (L'Æncre, 2004) et Pensées corsaires - Abécédaire de lutte et de victoire (Edition du Lore, 2008).

     

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    " Presque dix ans après Nos belles années de plomb, Gabriele Adinolfi, figure historique de la droite radicale italienne, revient sur cette tragique période qui a secoué son pays, avec un ouvrage choc longuement mûri qui intègre les apports de nombreux travaux ayant vu le jour depuis lors et constitue un gros pavé dans la mare du politiquement correct et des mensonges de l’historiographie officielle.

    Comme l’écrit Michel Drac, dans un extrait de sa préface :

    « Et notre nouveau Münchhausen (…) de décrire minutieusement le travail des services de renseignement, et des réseaux divers qu’ils actionnent. Et de remonter encore, derrière eux, aux forces qui les commandent, et qu’il nomme précisément, dans le cadre précis des années de plomb italiennes : la Commission Trilatérale, en guerre pour imposer sa vision du globalisme à d’autres forces oligarchiques transnationales, le cœur des réseaux maçonniques en Italie, et, dans le rôle d’un pôle associé mais néanmoins capable de définir des lignes d’interdiction aux autres pôles, le gouvernement et les sponsors internationaux de l’Etat d’Israël.

    Les enseignements de cette enquête sur l’Italie des années de plomb doivent être intégrés en France. (…) [Ils] doivent être intégrés sous l’angle technique, organisationnel et théorique.

    La situation qui est en train de se créer en France est en effet dans une certaine mesure isomorphe à celle qui existait, mutatis mutandis, dans l’Italie des années de plomb ». "

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  • Quelques entretiens avec des hommes remarquables...

    Nous vous avions signalé la publication chez Alexipharmaque du livre Entretiens avec des hommes remarquables réalisé par le Cercle Curiosa et préfacé par Alain de Benoist. Vous pouvez maintenant découvrir la très belle présentation vidéo de cet ouvrage.

     


    -Entretiens avec des Hommes remarquables- par Jimbag_dissidence

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  • Entretien avec des hommes remarquables...

    Les éditions Alexipharmaque viennent de publier Entretiens avec des hommes remarquables, un recueil d'entretiens réalisés par le Cercle Curiosa, avec Luc-Olivier d'Algange, Christian Bouchet, Klaus Charnier, Francis Cousin, Alexandre Douguine, Michel Drac, Arnaud Guyot-Jeannin, Thibaut Isabel et Laurent James. L'ouvrage est préfacé par Alain de Benoist.

     

     

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    Préface d’Alain de Benoist.

    Notre époque, que certains qualifieront de postmoderne souffre d’un cruel manque d’attention. Ère vaporeuse et spectaculaire, stroboscopique, aliénée et aliénante, ou tout s’entrechoque dans un chaos d’images, de concepts, d’identités et de croyances. 
     
    Afin de s’adapter à cette frénésie, l’Homo Occidentalis horizontalise son rapport au monde pour mieux le saisir, il s’aplatit devant l’horizon, entraînant avec lui le reste de l’humanité.
     
    Parce qu’il s’inscrit lui aussi dans son époque, ce présent ouvrage ne propose pas de solution de redressement mais un kaléidoscope d’idées nouvelles, ou parfois anciennes, en tous les cas d’autres regards.
     
    Le Cercle Curiosa se veut avant tout un des multiples représentants de cette très ancienne tradition Européenne qu’est la pensée critique. Il propose de donner la parole à ceux que l’époque oublie, sciemment ou non.

    Les participants à ce recueil d’entretiens explorent bien des domaines ; ils sont des politiques, des mystiques, des philosophes, et avant tout des poètes. 
     
    Á travers leurs styles particuliers, ils manifestent une volonté commune de réenchanter le monde et renouent avec l’ancienne lumière de l’Être qui s’est perdue. C’est en cela qu’ils sont remarquables.

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  • Florange sacrifié sur l'autel du mondialisme ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Drac, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la capitulation du gouvernement dans l'affaire de l'acierie de Florange. Michel Drac est l'animateur du site Scriptoblog et est l'auteur de plusieurs essais comme Crise ou coup d'état ? (Le Retour aux sources, 2009) ou Crise économique ou crise du sens ? (Le retour aux sources, 2010).

     

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    Florange sacrifié : au profit de qui ?

    Lors du débat récent sur le site sidérurgique de Florange, nous avons assisté à l’opposition médiatique de deux discours simplistes : d’un côté, les partisans du maintien de l’activité ont jugé le site conforme aux normes de rentabilité exigées par le marché ; en face, leurs adversaires ont soutenu la thèse inverse. Opposition frontale, argumentaires fragiles : les médias ne nous ont offert que très peu d’informations approfondies. Quid des processus sur site ? Leurs inducteurs de coûts ? L’analyse de la valeur de leurs outputs ? On n’en saura rien, ou presque.

    Mais sans doute n’était-ce pas vraiment de technique qu’il était question.

    Débat médiatique, rideau de fumée. L’agressivité des échanges révélait un non-dit : la véritable interrogation porte souterrainement sur le cadre conceptuel de l’analyse et non sur ses conclusions. Un véritable débat oppose ceux qui jugent Florange dans le cadre conceptuel défini par le libre-échange inéquitable, les marchés financiers dérégulés et le monétarisme laxiste contemporain, à ceux qui raisonnent hors de ce cadre.

    Allons à l’essentiel : énoncer que le critère de décision principal relatif à la continuation de l’exploitation à Florange est la rentabilité du site, du point de vue des actionnaires et selon les normes des marchés financiers, c’est affirmer que ce site existe en premier lieu pour rémunérer le capital nomade et spéculatif. On pourrait très bien opposer à ce point de vue actionnarial un point de vue productif : dans cette optique, le site de Florange existerait d’abord pour répondre aux besoins en acier de l’économie physique.

    Ici, un tel renversement de perspective est d’ailleurs très plaidable. La sidérurgie n’est pas une activité en déclin. On n’a jamais produit autant d’acier dans le monde : 1,4 milliards de tonnes par an. Et ce n’est pas fini. Nous allons vers de grands bouleversements dans la métallurgie : de nombreux minerais vont être éteints à l’extraction primaire dans les décennies qui viennent. Une des pistes envisageables pour des substituts acceptables réside dans le développement d’alliages à base de fer mimant les propriétés des métaux non ferreux. C’est dire si la sidérurgie de haute technicité est un métier d’avenir. La rentabilité de court terme offerte au capital spéculatif ? Mais il s’agit de la robustesse future des économies européennes !

    Bien sûr, un tel débat est interdit. Montebourg prononce le mot de « nationalisation », et déjà montent au créneau les défenseurs de l’économie globalisée. Où l’on verra un BHL trancher la question, lui qui n’a probablement jamais vu fonctionner un laminoir, mais a, en revanche, très bien compris que dans l’intérêt d’une hyperclasse globalisée parasitaire et prédatrice, il ne doit pas tolérer le pourtant nécessaire débat sur le cadre conceptuel de la décision économique.

    Michel Drac (Boulevard Voltaire, 26 décembre 2012)

     

     

     

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  • Enjeux géopolitiques pour l'avenir...

    Dans un entretien donné à Avant-garde économique, "Michel Drac analyse les principales tendances géopolitiques pour les prochaines années : l'impasse politique de la zone Euro, la montée en puissance de la Chine et de la Russie, et le nécessaire redressement industriel des Etats-Unis.
    Il nous expose également les problématiques énergétiques à venir, et les solutions possibles pour s'en émanciper."

     

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  • L'Europe meurt, et c'est tout...

    Nous avons cueilli sur le site Scriptoblog une réponse de Michel Drac à l'article de Marc Rousset, intitulé Vers une Union carolingienne. Michel Drac est l'animateur des éditions Le retour aux sources et est lui-même l'auteur de plusieurs essais percutants comme La Question raciale (Le retour aux sources, 2009) et Crise économique ou crise du sens ? (Le retour aux sources, 2010).

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    Réponse à Marc Rousset : l'Europe se meurt, et c'est tout

    L’Europe se dirige à terme vers une union carolingienne, nous dit monsieur Marc Rousset.

    Personnellement, je ne demande qu’à le croire.

    Autant l’empire thalassocratique anglo-saxon me répugne, autant le Saint Empire me convient.

    Je l’avoue : ce qui m’intéresse dans la France, c’est qu’elle fut la matrice de l’Europe. En réalité, quand je défends la France, je défends cette matrice. Le but, c’est de sauver l’Europe, c'est-à-dire l’idéalisme philosophique incarné dans le politique. Je l’ai écrit dans un petit bouquin commis il y a quelques années (Céfran). Je ne renie rien de ce que j’ai écrit.

    MAIS

    Mais le « petit » problème dans le propos de monsieur Rousset, c’est tout simplement que l’Europe ne prend pas du tout cette direction-là.

    A vrai dire, l’Europe ne prend aucune direction.

    Et la responsabilité de cet état de fait incombe principalement à l’actuel gouvernement allemand.

    Bien sûr, Hollande est un olibrius. Ou disons : il n’a que les moyens de se comporter en olibrius (l’homme en lui-même est une énigme). Son programme économique a été appuyé sur des prévisions de croissance probablement piochées dans un épisode de la saga des bisounours. En fait, il n’a aucun programme, et il le sait très bien. D’où, d’ailleurs, son activisme sur diverses questions sociétales (mariage homo, vel d’hiv, etc.). Pendant qu’on parle de ça, au moins, on ne lui demande pas ce qu’il veut faire concrètement sur le plan économique.

    C’est évident, je n’y reviens pas : les foireux du PS foirent, comme on pouvait s’y attendre. A vrai dire, nous avons été quelques centaines de milliers d’électeurs du FN à laisser passer le PS justement pour ça : pour qu’il nous débarrasse de Sarko et qu’ensuite, il foire. Ok, tout roule.

    Flamby a un peu inquiété les Allemands au début. Ils étaient habitués à un Président français qui dissimulait son absence de vision stratégique derrière un activisme frénétique, et faisait semblant d’être d’accord avec Merkel alors que celle-ci n’ayant en réalité pas de ligne, on ne peut évidemment pas partager une ligne qu’elle n’a pas. Ils ont été surpris par ce nouveau Président français qui, lui, dissimule son absence de vision stratégique derrière une immobilité suggérant la réflexion, et plus encore de découvrir qu’on pouvait finalement ne pas être d’accord avec une ligne que, de toute manière, Merkel n’a toujours pas.

    A présent, les Allemands ne s’inquiètent plus, ou disons plus beaucoup. Ils ont compris que le Français est là pour faire semblant d’avoir des idées, faire semblant de réindustrialiser le pays (alors qu’il ne peut rien en réalité), faire semblant d’être social, et même faire semblant de faire semblant, car à vrai dire on en est là, plus personne n’y croit, le roi est nu mais personne n’ose le dire tant que le roi lui-même ne l’avoue pas. Les Allemands, il faut le leur reconnaître, sont devenus assez bons dans le décodage de leurs voisins français. La pratique, sans doute.

    Mais les choses étant ce qu’elles sont, la très prévisible foirade Flamby n’a en réalité aucune importance. Au point où nous en sommes, la question est uniquement de savoir ce que l’Allemagne va décider. Car, étant la seule à pouvoir encore (provisoirement) payer, elle est de fait en situation de prendre les décisions pour le compte des autres.

    Or, la vérité est que l’Allemagne ne décide rien. Elle ne peut pas. La coalition Merkel est déchirée, sans qu’on arrive d’ailleurs à comprendre qui au juste défend quelle ligne. On dirait le choc mou de deux blocs informes : d’un côté ceux qui veulent faire sortir de la zone euro les pays les plus problématiques (Grèce, mais aussi à terme Espagne, Portugal, sans doute l’Irlande pour finir, voire l’Italie) ; de l’autre côté, ceux qui s’accrochent à la « monnaie unique » parce qu’elle est finalement la seule chose qui permet encore de se donner l’impression qu’on va quelque part. A en juger par la grande presse, la droite d’affaires (Die Welt) veut « faire le ménage » dans la zone euro, tandis que la classe politique, même de droite, est plus circonspecte. Mais allez savoir qui au juste veut quoi au sein du patronat allemand. C’est compliqué : si la zone euro explose, le Mark reconstitué va s’envoler, et l’Allemagne perdra son avantage compétitif intra-européen ; si elle n’explose pas, il faudra bel et bien allonger des sommes prodigieuses (peut-être 2 000 milliards d’euros) pour sauver en catastrophe l’Europe du sud. Dans les deux cas, ça fait mal.

    Montebourg est complètement à côté de la plaque lorsqu’il compare Merkel à Bismarck. A vrai dire, c’est même grotesque. Bismarck fut sans doute le plus grand homme d’Etat européen du XIX° siècle. Sous sa direction, la Prusse a fait un sans faute. La seule grosse erreur, l’annexion de l’Alsace-Lorraine : il était contre, elle lui a été imposée par Guillaume Ier. Sans faute pour le Junker Bismarck. Un géant.

    Merkel, par contre, est une naine.

    Elle n’est pas l’idiote que l’on raille sur le web à cause de vidéos sorties de leur contexte, où elle semble ne même pas savoir situer Berlin sur une carte. Evidemment. Ce n’est pas une imbécile. C’est même, sans aucun doute, quelqu’un d’un niveau sensiblement supérieur à la norme (atterrante) des politiciens actuels.

    Mais elle n’a tout simplement ni le charisme, ni la dimension, ni le caractère, ni l’ampleur de vue qui conviendrait à une personne dont dépend bel et bien, aujourd’hui, en théorie du moins, l’avenir de l’Europe. Elle se retrouve là où elle est parce que :

    Premièrement, ça arrangeait la CDU d’avoir à sa tête une ex-allemande de l’Est, mais pas trop : Merkel, née à l’ouest, fille de pasteur exerçant à l’est, opposante très discrète au système est-allemand, avait le profil ni-ni mou qui correspondait.

    Deuxièmement, formée à l’école RDA, c’est une apparatchik parfaitement adaptée au fonctionnement bureaucratique. Avec elle, le programme, c’est « pas de vagues » : rassurant. Elle en a donné de multiples illustrations lors de son parcours au sein de l’appareil CDU.

    Troisièmement, au moment de la guerre du Golfe, quand les Américains ont commencé à s’inquiéter sérieusement de l’orientation très, très « Ostpolitik » de Schröder, elle a eu l’intelligence tactique de se démarquer, se livrant à d’impressionnantes contorsions pour parvenir à ne pas condamner l’agression états-unienne sans rompre trop franchement avec l’opinion allemande.

    Quatrièmement, c’est une femme, et dans une Allemagne ravagée par le féminisme (comme le reste de l’Europe), c’est tendance.

    Cinquièmement, il faut le reconnaître, elle est extrêmement douée pour ménager en permanence la chèvre et le chou, dire juste ce qu’il faut pour rassurer le baby-boom pléthorique qui fait le gros de l’électorat allemand (âge moyen en Allemagne : 44 ans).

    Le tout pourrait faire un chancelier correct dans une période calme, où il s’agit surtout de ne pas faire de bêtise, et d’écouter attentivement ses conseillers pour laisser le temps aux classes dirigeantes d’incuber un consensus (la méthode allemande, depuis 1949).

    Mais cet ensemble de qualités devient un ensemble de défauts lorsqu’il faut décider. Merkel en est tout simplement incapable. Elle fait ce que le cours des choses l’amène à faire, c’est tout. Elle ne conduit pas sa politique, c’est sa politique qui la conduit. Une autruche la tête dans le sable, qui fait semblant de croire qu’on peut encore « sauver » l’euro, préserver les exportations allemandes sans renflouer des marchés qu’on a rendus insolvables – une absurdité.

    Une autruche et, avec elle, l’ensemble des classes dirigeantes allemandes : incapables de prendre une décision.

    Le résultat, c’est que le seul pays qui pourrait organiser sérieusement l’inévitable refonte de la zone euro… n’organise rien.

    Il est pourtant évident pour tout le monde, désormais, que l’Europe du sud ne peut pas avoir la même politique monétaire que l’Europe du nord.

    Le fédéralisme budgétaire n’y changera rien, parce qu’il s’agit là d’une impossibilité insurmontable.

    Ce serait possible si l’Allemagne acceptait, en gros, de transférer structurellement une fraction significative de son PIB. Mais le peuple allemand ne l’acceptera pas. Les Allemands de l’ouest ont payé pour leurs compatriotes de l’est, mais d’une part on a bien vu qu’ils n’avaient payé qu’avec réticence, et trop peu (le différentiel de niveau de vie reste important), et d’autre part il s’agissait d’Allemands. Peu nombreux en outre. La même chose n’est pas possible quand il s’agit de cent millions de méditerranéens.

    Ce serait possible aussi, à la rigueur, si l’Europe du sud importait soudainement les mécanismes qui expliquent la stabilité ordo-libérale de l’économie allemande. Mais cette importation est impossible, impossible en tout cas dans les délais brefs qu’exige la crise actuelle. Veut-on établir la cogestion en Grèce ? En Espagne ? Dans l’Italie du sud ? Mais c’est une vaste blague : la cogestion chez Don Corleone ! A un certain moment, il faudra tout de même comprendre que les structures sociales ne fonctionnent que si elles sont isomorphes avec les structures anthropologiques profondes. On ne transforme pas un Madrilène en Berlinois d’un coup de baguette magique. D’autant moins que le Madrilène est attaché à son mode de fonctionnement. Il a raison, d’ailleurs : comme n’importe qui, il doit persévérer dans son être. Sinon, il meurt. Le fait que son mode de fonctionnement soit, dans l’économie globalisée actuelle, moins performant que celui d’un Berlinois (et encore, ça se discute), ne le convaincra pas de renoncer à ce qu’il est.

    On dira : un protectionnisme européen changerait la donne. Il solidariserait spontanément l’Europe du nord et l’Europe du sud, les deux ayant forcément intérêt, dès lors, à étendre le marché continental – ce qui impliquerait sans doute, de la part des Allemands, un renoncement plus aisé à leur actuel modèle social, très régressif. Sans doute, mais : d’une part, ce protectionnisme n’est pas voulu par l’actuelle direction allemande ; en fait, c’est le contraire : c’est justement parce qu’elle ne pense pas l’Europe comme un espace protectionniste que l’Allemagne est obligée de la penser en référence à la monnaie unique. Et d’autre part, ce protectionnisme n’aurait aucun besoin de l’euro. Et s’il pousserait sans doute l’Allemagne à réviser son modèle social, rien ne garantit qu’il réduirait drastiquement le fossé qui sépare aujourd’hui les économies du sud et du nord, s’agissant des politiques monétaires optimales qu’elles appellent. Le modèle social-libéral allemand n’est pas la seule cause du différentiel de compétitivité qui s’est creusé depuis l’introduction de l’euro.

    En fait, les orientations actuelles du gouvernement allemand ne s’expliquent pas du tout par la volonté d’établir une Europe carolingienne. Elles ne font que traduire la tétanie qui s’est emparée de toutes les classes dirigeantes du continent. Elles sont en train, bien loin de solidariser les européens, de dresser les peuples de l’Europe du nord contre ceux de l’Europe du sud, où monte désormais une germanophobie à la fois compréhensible et, évidemment, stupide. Elles préparent tout simplement l’implosion économique de l’Europe, c’est tout. C’est d’ailleurs, du moins on peut le supposer, la raison profonde de l’insistance avec laquelle les Américains exigent de l’Allemagne qu’elle maintienne la zone euro, au moment précis où Wall Street et la City of London multiplient les attaques spéculatives.

    Il faut beaucoup d’imagination pour voir une étape vers une Europe carolingienne dans cette crispation presque puérile sur un projet, la monnaie unique, mal conçu parce que contraire aux réalités profondes de l’Europe. En fait, si, de l’absence de décisions qui caractérise les classes dirigeantes européennes, et allemandes en premier lieu, une Europe carolingienne doit sortir, ce sera que décidément, il fallait que ce fût, et quel chemin qu’on prît, on y serait parvenu.

    A un certain moment, il faut regarder les réalités en face. L’euro est un mauvais projet pour l’Europe. Il n’est pas ce dont notre continent a besoin. Il n’est d’ailleurs en rien inscrit dans les logiques relativement décentralisatrices propres à l’héritage politique carolingien. Il en est même le contraire : l’euro c’est l’unité par la centralisation et l’homogénéisation, forcée si nécessaire. On dirait une improbable synthèse entre ce que la France pouvait apporter de pire, son centralisme forcené, son tropisme niveleur, et ce que l’Allemagne pouvait, de son côté, apporter aussi de pire, son inclination irrationnelle pour la hiérarchisation à outrance, sa traditionnelle difficulté à penser la diversité sans l’accompagner d’une opposition quasi-théologique entre élus et réprouvés. Derrière les structures politiques, toujours, il y a un arrière-plan religieux : mélangez le pire du catholicisme gallican (ou de sa version laïcisée, le jacobinisme) et le pire du protestantisme germanique (et de sa traduction économique actuelle, l’inégalité « juste » instituée par l’ordo-libéralisme), vous aurez la zone euro. Prodige de l’euro : avoir cumulé les pathologies françaises et allemandes sans dégager le compromis dont l’Europe a besoin.

    Si une Europe carolingienne doit naître, elle le fera sur les ruines de la construction européenne actuelle, bruxelloise, technocratique, centralisatrice, bureaucratique, entièrement soumise aux intérêts du capital globalisé. Il y a plusieurs moyens d’arriver à cet objectif. Plusieurs scénarios de refonte de la zone euro sont envisageables. Mais pour l’instant, on ne prend aucun de ces chemins possibles.

    On suit la politique du chien crevé au fil de l’eau, on espère s’en sortir en allant toujours plus loin dans ce qui jusqu’ici n’a pas marché, parce qu’on se dit qu’au bout du bout, une cohérence se refera. La vérité, c’est que très probablement, on n’aura même pas le temps d’arriver à ce bout du bout pour voir ce qui s’y trouvait : toute la boutique sera par terre bien avant.

    Et, voilà le problème, on ne s’y sera pas préparé.

    Michel Drac (Scriptoblog, 25 juillet 2012)

     

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